Mercredi 17 novembre 2010, le jury du Prix Le Monde de la recherche universitaire a récompensé ma thèse sur : « Islamisme et société : religieux, politique, sexe et genre. A la lumière de l’expérience iranienne ».
Chaque année, 10 thèses, 5 en sciences dites dures et 5 en sciences sociales, sont récompensées par un jury présidé par deux éminents scientifiques : Pierre Léna, astrophysicien et académicien, et Edgar Morin, philosophe et sociologue. Je suis ravie que cette reconnaissance couronne mon travail de plusieurs années sur le sujet fort complexe de l’islamisme. La joie que je ressens à recevoir ce Prix, se mêle à une profonde tristesse : en ce moment, en Iran, mon pays d’origine, les dirigeants veulent remplacer les sciences humaines par des sciences humaines dites islamiques sous le prétexte du religieux et de la prétendue islamité du peuple ; le soulèvement populaire contre l’ordre dominant a été violemment réprimé ; des peuples minoritaires tels que les Kurdes et Bahaïs subissent maintes répressions ; les discriminations et violences sexistes sont justifiées par le recours au sacré. Ainsi, des femmes comme Sakineh sont menacées de lapidation ; et les défenseurs des droits humains, notamment les féministes, font l’objet de conséquentes persécutions. Le comble est que leurs avocat-e-s se trouvent aussi emprisonné-e-s pour les avoir défendues. J’espère que ce travail sur les causes et les conséquences de l’islamisme contribuera à une réflexion plus que jamais nécessaire et urgente pour agir face à l’idéologisation du religieux qui nourrit les enfermements identitaires, renforce les clichés dangereux sur « la guerre des civilisations » et fait obstacle aux avancées de la liberté, la justice sociale et la démocratie.
Chahla Chafiq