Aujourd’hui sort en salles Ceci n’est pas un film, de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb. Cet essai documentaire iranien sort en France mais en Iran, il porte bien son nom : « ceci n’est pas un film », la censure sévit, l’interdit et avait avant cela condamné Jafar Panahi rappelons-le en décembre dernier à six ans de prison et 20 ans d’interdiction de travailler. Il est assigné à résidence, a réalisé ce film dans son appartement, et l’a exporté clandestinement par clé USB jusqu’à sa présentation à Cannes au printemps dernier, en l’absence de son réalisateur.
Aux Matins de France Culture aujourd’hui, nous prenons ce cinéma comme la fenêtre qui nous est offerte sur la société et le régime iraniens. Fenêtre bien paradoxale : si Une séparation de Asghar Farhadi, film autorisé, en salle depuis juin et qui a dépassé la barre des 900 000 entrées en France, va représenter l’Iran aux Oscars, pendant ce temps-là, Mojtaba Mirtahmasb, le co-réalisateur de Panahi, a été arrêté la semaine dernière ainsi que 6 autres professionnels du cinéma. Alors que ce cinéma iranien nous dit-il de la société iranienne ? Et que dit-il du régime islamique d’Ahmadinejad aujourd’hui, deux ans après, on s’en souvient, la « révolte verte » de 2008-2009 ?
Pour en discuter avec nous ce matin, Chahla Chafiq sociologue et écrivaine iranienne exilée en France auteur notamment de : « Islam politique, sexe et genre, à la lumière de l’expérience iranienne » (PUF, mars 2011). Agnès Devictor, politologue spécialiste du cinéma iranien, maitre de conférences à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, auteur d’une Politique du cinéma iranien, (2004, Paris : Éd. du CNRS). Nous recevons également Ahmad Salamatian, ancien secrétaire d’État aux affaires étrangères et député iranien exilé en France, co-auteur de Iran la révolte verte (éditions de la villa, 2011).